Brian Denis champion du monde de Boxe Thaïlandaise
- Patrick Rivière
- 4 janv.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 janv.
(entrevue réalisée en 2014)
Patrick : Salut Brian, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Brian : bonjour suis Brian Denis, j’ai 22 ans, et ça fait sept ans que je pratique la boxe thaïlandaise, je suis champion de France, champion Intercontinental et j’ai une ceinture mondiale en K1 WKE.
Patrick : Comment as-tu découvert la boxe thaï ?
Brian : J’ai découvert la boxe à l’âge de 16 ans, au départ par curiosité, et j’ai tout de suite accroché. Je me suis entrainé chez Jean Charles Skarbowsky au club Daumesnil près du métro Ledru Rolin.
Patrick : Tu as connu d’autres sports avant le Muay thaï ?
Brian : J’ai commencé très jeune, je devais avoir heu….5 ans ! Oui de mes 5 ans à mes 13 ans j’ai débuté par le Ninjustu car mon beau père était professeur de Ninjutsu. Ensuite je suis parti en internat. En sortant de l’internat à mes 16ans j’ai commencé la boxe.
Patrick : Quelle est la différence entre ces deux arts martiaux ?
Bon… la boxe thaï c’est devenu un sport de combat avec des compétitions, des règles…. Le Ninjutsu est un art martial plus traditionnel, tu montes dans les degrés pour passer d’un niveau à l’autre… il n’y a pas de compétition en combat. Tu vois, c’est comme si tu compares la boxe et le Karaté….
Patrick : Tu étais un garçon bagarreur plus jeune ?
Brian : non j’ai jamais été un garçon bagarreur, enfin je ne pense pas non
Patrick : La première fois que tu as été en Thaïlande, comment ça s’est passé ?
Brian : A l’âge de 18 ans je suis parti en immersion pendant 1an. Et depuis j’y retourne régulièrement. Je vais en Thaïlande pour m’entrainer, m’entrainer dur et boxer. J’étais à Bangkok dans un camp. Le Jocky Gym. Tu sais, l’intensité des entrainements étaient différents, 6 heures d’entrainement tous les jours. Oui tous les jours sauf le dimanche…c’est repos. En France c’est 1h30, 2 heures de training par jour. Apres tu vas courir ça te fait 3 heures… Ensuite tu dois bosser… Si tu as un bon sponsor en France, tu peux ne pas bosser mais moi j’ai besoin de bosser donc…
Patrick : Tu peux décrire une journée type d’entrainement quand tu te prépares en Thaïlande ?
Brian : tu te lèves à 5 heures du matin, tu vas courir. Tu rentres à 6h, tu travailles au sac et au pao jusqu’à 8 heure. Ensuite tu prends un petit déjeuner. Tu marches un peu, tu fais une sieste jusqu’à 14h. Puis tu t’entraines jusqu’à 18 h, re-jogging, corde, pao et sac mais plus intensif l’après-midi que le matin.
Patrick : Tu retiens quoi de ta première expérience en Thaïlande
Brian : Plein de bonnes choses, d’expériences autant sportives que tout simplement au niveau de la vie. Tu sais dans la boxe tu trouves une famille. J’ai amélioré ma technique, et l’expérience du combat. Car quand j’y suis allé je n’avais pas de combat, je n’étais jamais monté sur un ring. Euh…. Attend, si j’avais un combat classe C. On peut dire que mes première armes je les ai faites là-bas. (Rire) et puis j’ai appris la langue thaïlandaise aussi.
Patrick : qu’elle sportif t’a inspiré ?
Brian : Mon ancien entraineur Jean Charles Skarbowsky. Ensuite il y a beaucoup d’autres champions comme Dany Bill, Nikiema, Ramon Dekkers, les anciens quoi… j’ai aussi rencontré pas mal de champions thaïlandais.
Patrick : Ta technique préférée ?
Brian : holala je ne saurais pas te dire… le tip (front kick) peut être, pourquoi pas…Je l’utilisais beaucoup avant, mais maintenant j’essaie de jouer avec d’autre armes. Comme par exemple, je travaille dur pour renforcer mon anglaise.
Patrick : L’adversaire le plus redoutable dans ta catégorie aujourd’hui, pour toi qui est-ce ?
Brian : (rire) Il y en a pas mal quand même. Il y a Sittichai SITSONGPEENONG qui est très fort. Oui Sittichai est un adversaire redoutable.
Patrick : dans ta pratique sportive au jour le jour, c’est quoi le plus difficile ?
Brian : bien gérer les combats et la carrière en général. La boxe c’est un sport très difficile physiquement et mentalement. Trouver un entraineur qui soit conscient de tout ça, qui ne t’envoie pas à l’abattoir. D’un point de vue plus personnel, dans ma pratique rien ne me semble difficile par ce qu’en fait j’aime ça. Ensuite je m’astreins à une discipline de fer, donc aller prend un verre, le samedi en boite de nuit, tout ça on oublie. Le régime avant les combats, la préparation à un combat ce n’est pas banal tu sais bien… Mais au final j’aime ça. Quand tu fais de la boxe en loisir le coach te laisse respirer un peu tu vois, mais quand tu prépares un fight c’est no limit !
Patrick : comment se passent tes entrainements en France, tu as un staff tu es encadré ?
Brian : Moi j’ai rien de tout ça… ce n’est peut-être que moi, mais je pense que la boxe thaï n’est pas assez structurée en France. Il suffit de voir, les champions de boxe anglaise, c’est déjà plus structuré. Je ne demande pas un staff à l’Usain Bolt, mais un minimum. En boxe thaï tu es tout seul tu vois, c’est toi contre toi. Il faut savoir ce que tu veux, et moi je sais ce que je veux.
Patrick : tu peux vivre de la boxe thaï ?
Brian : en Thaïlande si tu combats et que tu gagnes tu peux en vivre, tu peux représenter le camp. Même si tu donnes une partie de ce que tu gagnes au camp quand tu boxe. Manger ça ne coûte pas cher, le loyer dans le camp c’est gratuit. En France pour en vivre c’est très difficile. Tu dois allier travail et boxe thaï et ce n’est pas évident. Ou alors il faut avoir un bon sponsor, mais il n’y en a pas beaucoup. En ce qui me concerne ici je n’ai pas de sponsor.
Patrick : qu’est ce qui te motive au quotidien
Brian : Ma motivation extrinsèque (rire) d’abord. Quand j’ai commencé la boxe on m’a dit que c’était bien ce que je faisais, donc à force de l’entendre tu fini par y croire. C’est déjà une motivation, faire plaisir aux gens à travers la boxe c’est quelque chose qui me plait. Puis intrinsèque, j’ai sûrement des choses à me prouver
Patrick : tes points forts ?
Brian : Je dirais la technique, les jambes. On peut dire que j’essaie d’être un boxeur fimeu (technique). Je suis une sorte de peintre en fait (rire) avec une palette de couleurs (rire) et je peins avec sur le ring (rire). Bon ça fait genre j’me la raconte un peu (rire) tu ne vas pas l’écrire j’espère…
Patrick : Si ! Mot pour mot (rire)
Patrick : Il te faut quoi aujourd’hui pour passer un cap et devenir encore plus performant ?
Brian : toujours plus d’entrainement, et plus de combats. Je pense que je manque encore d’expérience. J’ai 30 combats dont 25 victoires
Patrick : ta plus belle rencontre ?
Brian : mon plus beau souvenir c’est d’avoir boxé au Lumpini, le stadium le plus réputé au monde, et d’avoir gagné par KO sur un high Kick. C’est un peu le Madison Square Garden de la boxe thaïlandaise.
Patrick : ta rencontre la plus difficile ?
Brian : C’était contre un cambodgien, Keo Rumchong. Un boxeur très fort très dur, on a fait une bonne guerre, j’ai même été compté à la quatrième reprise. J’ai fini le combat, c’était un combat serré. On peut voir le combat il est disponible sur YouTube je crois.
Patrick : Ok je le mettrai sur l’interview !
Patrick : Quel est ton prochain objectif ?
Brian : Là je pars en tournée mondiale, je m’installe en Thaïlande dans 2 jours, de manière à boxer un maximum. Ensuite on a tous des objectifs différents, moi je souhaite être reconnu en tant que Nakmuay par les thaïlandais. Qu’ils reconnaissent mon niveau. Je veux rester là-bas jusqu’à ce que je sois rassasié. Le jour où j’en aurai plein le ventre… (rire) on verra…
Patrick : ta plus grande déception
Brian : Les blessures. Les blessures dans la boxe c’est triste. Quand tu t’entraines à fond et que tu dois arrêter pour ta santé. C’est dur mentalement…c’est dur d’arrêter, et c’est dur de revenir.
Patrick : tu conseilles quoi à un jeune qui veux débuter la boxe thaïlandaise ?
Brian : (rire) je lui conseillerais de faire du foot (rire) ! Sérieusement s’il veut devenir un champion je lui conseillerais de faire attention à son entourage, qu’il soigne ses relations pour être entre de bonnes mains. Sinon ça peut devenir la pire des choses la boxe.
Patrick : un dernier mot
Brian : Je suis heureux de partir en Thaïlande vivre ma passion, je te remercie Patrick pour le travail que l’on a fait ensemble ça va me manquer !
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