Virginie Gatellier "le tai ji quan"
- Patrick Rivière
- 4 janv.
- 6 min de lecture
Virginie Gatellier "le tai ji quan" le 02 07 2016

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J’ai 45 ans, je pratique les arts martiaux depuis que j’ai 13 ans. J’ai commencé par le karaté wado ryu, j’ai eu ma ceinture noire. A la suite d’un accident je me suis mise à pratiquer les arts martiaux internes comme le tai chi et le qi cong. Une fois retrouvée mes capacités (mes capacités retrouvées) je me suis mise à pratiquer le kungfu wushu. J’ai passé mon 2ème dan après 15 ans de pratique. J’ai tout récemment obtenue la 2ème place au dernier championnat d’Europe de Tai Ji Quan.
Aujourd’hui je redéveloppe l’aspect interne des arts martiaux. La liaison : bien être et arts martiaux.
Tu différencies clairement la notion bien être et la pratique des arts martiaux dits « traditionnels » ?
Dans les arts martiaux comme le Karaté, comme on le pratique en occident (et ailleurs aussi), on retrouve énormément de blessés parmi les pratiquants. On pourrait le pratiquer: façon bien être en combinant l’aspect énergétique. Nous sommes très peu accès la dessus en occident. Dans d’autre pays on inclut automatiquement l’aspect énergétique avant ou après la pratique du karaté par exemple. Cela fait partie intégrante de la pratique.
Le clivage interne-externe n’existe qu’en France d’ailleurs et c’est très contemporain. C’est un clivage qui est complètement faux car tout est interne car on utilise de l’énergie pour tout. On a fait le clivage en fonction de ce que l’on a pu voir avec nos yeux sans le ressenti. Sachant que le tai chi peut être très violent et spectaculaire. L’art martial interne n'est pas uniquement pratiqué par les personnes âgées dans les parcs. Tous les athlètes martiaux devraient développer l’aspect énergétique interne, boxe thaï, karaté, … J’ai amélioré mon kungfu en pratiquant le tai Ji Quan.
D’où vient cette image que l’on peut associer entre personne âgée et arts martiaux internes ?
Ça vient de Chine. Ce qui ont le temps de pratiquer au lever du jour sont des retraités. On peut facilement les voir en nombre dans les parcs en train de pratiquer le tai ji. Mais ce que l’on ne sait pas c’est que ceux qui travaillent la pratique avant le lever du jour, en pleine nuit font déjà du Tai Ji Quan dehors. Donc on en voit moins. Si tu fais du tourisme tu as moins de chance de te lever à 4h du matin et de les voir…
Tu nous as parlé des arts martiaux internes et externes. Le Tai chi c’est quoi ?
Le tai chi est un art martial interne. On dit tai chi mais c’est une déformation, on devrait réellement dire Tai Ji Quan. Tai Ji signifie la poutre la plus haute de la maison et Quan veux dire boxe. On pourrait le traduire par la boxe du fait extrême. Il existe un aspect combat qui se nomme le tui shu et le Sand Shu.
Le Tai Ji Quan harmonise la respiration avec le mouvement en permanence afin d’optimiser la circulation de l’énergie dans le corps à travers tous les méridiens. Et découvrir d’autres facettes de l’utilisation de son corps.
Comment se déroule un cours de Tai Ji Quan ?
Les cours commencent toujours par le placement, la posture, comment se tenir correctement. Apprendre à respirer pour lâcher prise. Tout cela afin que le mouvement soit le plus fluide possible et que l’énergie circule bien. Les enchainements se font dans la lenteur.
La lenteur est une vitesse, ne rien faire est une décision. Il y a une philosophie derrière tout ça. Ce n’est pas parce que c’est lent que c’est inefficace. De ce fait on travaille la musculature différemment. On sollicite notamment les muscles profonds qui sont importants pour la vitesse et le dynamisme. Tous les gestes ont une réelle application martiale. Plus le geste sera esthétique plus il sera efficace. Nous travaillons des formes que l’on appelle TAO. Ensuite on peut passer des grades.
Qui peut pratiquer le Tai Ji Quan ?
On peut pratiquer dès que l’on a un minimum de coordination. A 4 ans. A partir du moment où l’on sait ou est son bras ou est son pied on peut pratiquer. On peut pratiquer très jeune de façon ludique. D’ailleurs en chine on voit des enfants qui sont très performants. On peut le pratiquer jusqu’à pas d’âge car c’est un art de santé mettant l’accent sur l’aspect postural, permettant justement de préserver et renforcer ses articulations. Tout le monde peut pratiquer le Tai Ji Quan.
Ou peut-on pratiquer le tai Ji Quan en France ?
Dans de nombreuses associations, on peut se renseigner auprès de la FFKDA, la fws la fédération française de wushu, L’ANCI les arts martiaux chinois internes, l’AEMC art martial énergétique et chinois. En on peut aussi se renseigner, regarder sur internet afin de rejoindre un groupe en extérieur, comme dans un parc par exemple. Moi par exemple j’organise 4 journées ou l’on va se retrouver aux buttes Chaumont. Le 10, 17, 24, 31 aout. C’est la deuxième année que j’organise cela. Ça avait bien fonctionné, de nombreuses personnes sont venues ou nous ont découvert, parfois en pleine balade, et se sont joints à nous. C’est le plus extra et c’est ce côté-là aussi que l’on recherche dans le Tai Ji Quan, c’est le partage.
La compétition en France ?
Des compétitions régionales sont organisées partout en France. C’est qualificatif pour les championnats de France. Ensuite il y a les championnats d’Europe et du monde.
Justement tu rentres des championnats d’Europe à Moscou ?
Oui, c’était une compétition sportive très intéressante. Le fait que ce soit organisé à l’étranger donne un autre point de vue. Les russes sont très performants pour tout ce qui est organisation d’évènement sportif, c’est fabuleux. Je dirais qu’ils sont au top. On est au courant de tout, il y a des écrans partout, il y a de l’information partout. On commence et on ne finit jamais en retard. On est bien souvent en avance sur le programme. C’est top. Il faut bien comprendre que les russes pratiquent le kungfu au niveau professionnel. Ils sont payés pour pratiquer le kungfu. Il y a par exemple une grande championne qui s’appelle Daria Fedorova-Moskvina .
En ce qui concerne ma prestation lors de ces championnats d’Europe, j’ai passé mon premier tao (un 26) le jeudi 12 avril au matin dans un tableau à majorité Russe. J’ai donné tout ce que j’ai pu et je suis arrivée 2ème. Je suis donc vice-championne d’Europe aujourd’hui. J’ai la possibilité d’aller à Varsovie au mois d’octobre pour les championnats du monde mais je ne suis pas prête. Là je vais me retrouver face aux chinoises (rire). Et étant donné que la fédération ne soutient pas leurs athlètes lors des compétitions internationales, je ne me sens pas maintenant de partir faire la compétition seule.
La fédération de France ne te soutient pas sur les compétitions internationales. C’est-à-dire ?
Oui c’est assez particulier, après des désaccords en la russian wushu fédération et la fédération France, j’ai dû partir en tant qu’indépendante car la fédération française ne nous a pas reconnu. Et aujourd’hui on nous interdit de publier nos résultats.
L’année prochaine j’irai au championnat du monde. Je vais faire ça à ma mesure.
Comment te prépares-tu avant une compétition ?
Environ deux mois avant la compétition, quand je suis avertie je commence mes heures de travail. Je répète les formes que je vais présenter au minimum 1h par jour voir 2h. Je travaille beaucoup plus les muscles profonds et le relâchement c'est-à-dire que je vais descendre au maximum mes positions et je vais également travailler sur tout ce qui est respiration au moins 2h par jour. Je travaille de cette façon jusqu'à environ une semaine de la compétition en même temps je fais de la préparation physique, tu as pu voir ce que c'est puisque c'était toi mon préparateur donc ça tu pourras mieux que moi l'expliquer. Arrivée environ à une semaine de la compétition je vais faire les formes que je présente deux fois par jour maximum et les refaire mentalement régulièrement mais je relâche la pression et j'essaie de me détendre au maximum.
Si des personnes souhaitent recevoir ton enseignement, comment peuvent-ils s'y prendre ?
Oui j’ai une salle disponible qui est sur Taverny dans le 95 qui s’appelle le Primus. Accessible à tous il suffit de s’inscrire au club, prendre une licence et c’est parti. Il y a des cours le mardi et le samedi après-midi, le mercredi pour les enfants et le vendredi une pratique basée sur les arts martiaux externes type self défense, arts martiaux chinois…
Ta philosophie ?
Le bien être avant tout
Quelle place prend la diététique dans ta vie de sportive ?
Pour ce qui est de l'alimentation je t'avoue que je ne fais pas très attention mais une chose sur laquelle je suis intraitable, c’est que je n'oublie pas de prendre des vitamines supplémentées en fer. J'essaie de boire correctement et surtout je mange énormément de sucres lents et un peu moins de viande. J'essaie aussi de manger beaucoup de fruits secs et je diminue surtout le sucre juste avant les entrainements. Je ne mange de sucre que le soir en me couchant pour constituer une réserve pour le lendemain je parle de sucre rapide. Mais pour tout te dire l'alimentation est quelque chose que j'ai du mal à tenir sur une longue période et je fais pas mal d’écarts ce qui est assez bon pour le moral au final.
Quel conseil donnerais tu à nos lecteurs ?
Il faut prendre du recul, ne pas imiter forcement ce que tout le monde fait, et faire ce que l’on aime. Et si vous êtes intéressés par les arts martiaux essayez le Tai Ji Quan.
Comments